samedi, août 2, 2025
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Ils sont dans la misère, ils n’ont pas à manger ni de quoi se vêtir !

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«  Le 25 décembre est la célébration du mystère de notre salut. Ce salut est venu dans le monde par Jésus-Christ ; Il est entré dans le monde par sa naissance à Bethléem. Ce jour est une grande solennité au début de l’année liturgique. Noël est aussi la célébration de la Paix puisque Jésus est né parmi nous comme Prince de la paix. Cette solennité d’Espérance est l’essence du Christ dans notre vie qui ouvre pour nous le salut. En pensant à ce message, je voudrais donner au peuple de Dieu, à toutes les personnes de bonne volonté cette parole du prophète Esaïe au neuvième chapitre premier verset que nous allons entendre surement dans les célébrations eucharistiques de Noël dans la messe de la nuit. Isaïe dit : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière », c’est tous les symboles de Noël.

Cela nous rejoint, nous population de Goma, communauté chrétienne de Goma, dans le concret de notre vie. Quand Isaïe l’a dit, il s’adressait à une population qui était en exil à Babylone en déplacement de guerre. Cette population vivait en scrutant le moindre signe d’espérance qui pouvait lui être donné, son retour dans la terre promise. Retour à Jérusalem où était érigé le temple de Dieu, le mont Sion…c’était le retour vers la cité pour reprendre la vie spirituelle et offrir des sacrifices, des cultes autour du temple de Jérusalem.

Je pense que nous sommes dans la même situation  aujourd’hui. Quand nous voyons autour de nous dans la périphérie de la ville de Goma, plus de 15 milles personnes sont déplacées de guerre. Ils sont dans des camps de fortune en cette saison pluvieuse ; ils sont dans la misère, la pauvreté, ils n’ont pas à manger ni de quoi se vêtir. Je pense vraiment à eux pendant cette période de Noël.

Quand est-ce que cette guerre pourra finir ? Quand est-ce que ces gens qui ont été déplacés de force pourront rentrer dans leurs villages ?, dans leurs champs ?, cultiver et avoir à manger à satiété ?…Autant des questions qui me préoccupent.  Ils trouveront leurs maisons détruites, peut être incendiées des portes défoncées… ils trouveront qu’on les a pillés, mais au moins ils retourneront chez eux, c’est ça notre espérance.  Même nous qui vivons ici à Goma, nous ne sommes pas dans la tranquillité.   Nous sommes toujours sous la menace, l’angoisse de se demander qu’est-ce qui peut arriver, si la guerre arrive en ville de Goma… Noël pour nous peut se résumer en cette espérance-là de voir la fin de la guerre des forces loyalistes et la rébellion du M23, voir le retour de nos frères et sœurs déplacés chez eux, pour trouver leurs maisons. Que les familles puissent se réunir puisqu’il y a celles qui sont séparées à cause de la guerre, qu’ils retrouvent la joie de vivre dans leur milieu parmi les leurs où ils ont toujours vécu.

Mais vous savez, si tout cela est arrivé, c’est peut- être certainement qu’il y a les ténèbres qui approuvent son point dans notre péché, dans notre cœur. S’il y a la guerre aujourd’hui, c’est puisqu’il y a des hommes et des femmes qui ont un cœur dur, qui sont égoïstes, qui cherchent à tout prix le pouvoir, à s’enrichir sur le dos des pauvres, à les exploiter…ils utilisent la violence pour avoir le pouvoir, ils bafouent la justice sociale ; ils se sont donnés à la corruption en pensant qu’avec l’argent on peut tout acheter.

Nous devons commencer par demander pardon au Seigneur pour nos péchés car tout ce que nous vivons part de notre cœur. C’est du cœur de l’homme que sortent les mauvaises choses, Jésus l’a dit dans les évangiles. Pendant ce temps de Noël,  nous devons d’abord demander à Dieu la Grâce de la conversion puisque nous sommes marqués par le péché qui nous rend comme complices de cette guerre que nous connaissons. Commençons par demander la conversion du cœur afin que nous puissions vivre les valeurs de l’évangile, de la fraternité, de la vérité, de la communion fraternelle, les valeurs de l’unité de tous les congolais mais aussi de toute l’Église.

Cette communion fraternelle à laquelle nous invite toujours le Pape François : que nous soyons sensibles à la justice puisqu’à la source de cette guerre, il y a sûrement des questions justice qui doivent nous marquer autour de partage de terre, des carrées miniers qui sont des richesses mais qui sont exploités par une petite portion de la population au détriment de la grande majorité de la population. Nous avons à demander au Seigneur la conversion. Que nous puissions désormais apprendre à vivre les valeurs évangéliques, chrétiennes, pendant ce temps de Noël, apprendre à laisser les antivaleurs de la violence, du mensonge, de l’exploitation des pauvres, de la haine, de l’hypocrisie ; je crois qu’il est temps pour nous d’apprendre à les laisser de côté si vraiment nous voulons que la paix revienne dans notre milieu, notre région.

Ensuite dans ce message, je voudrais m’adresser à mes frères et sœurs dans la foi chrétienne et à toutes les personnes de bonne volonté. Je pense à un proverbe Haussa du Niger qui dit : « Si tu perds le chemin, reviens au point de départ », je pense pour nous chrétiens aujourd’hui ; nous marchons dans l’obscurité, nous avons quelque peu perdu le repère, on ne voit pas très bien l’avenir. Alors, il est important de revenir au point de départ dans notre foi chrétienne, à l’histoire de notre Eglise, à la première communauté chrétienne. J’ai pensé en ce jour-ci à la vie de cette première communauté qui peut nous inspirer aujourd’hui.

Il y avait trois piliers autour desquels était construite cette première Eglise. L’auteur Saint Luc du livre des Actes nous dit au chapitre 2, 42 ; que la communauté chrétienne était assidue à entendre l’enseignement des apôtres. Elle se tournait vers la communion fraternelle et se montrait fidèle. Ils étaient aussi assidus à la fraction du pain (la célébration de l’eucharistie) ; et quand je vois la vie de notre communauté, chrétienne, je pense à cela et je me dis qu’on vit la fraction du pain à travers l’eucharistie.

Par l’enseignement des apôtres, nos prêtres et évêques prêchent l’évangile mais, je crois que nous ne mettons pas toujours en pratique ce que nous enseigne l’Eglise.

Pendant ce temps où nous allons accueillir Jésus, il est important que nous apprenions à vivre la parole que nous enseigne l’Eglise et surtout, dans le troisième pilier de la fidélité à la communion fraternelle. On est en besoin dans la situation où nous sommes, la population vit dans l’angoisse, dans la souffrance d’être déplacé ; on a besoin de la communion fraternelle, de l’amour entre nous comme nos premières communautés chrétiennes.

Mes frères et mes sœurs, je sais que nous vivons cette communion fraternelle dans le partage. Mais je crains deux choses :

  1. Notre partage se réduit souvent à une communion avec les membres de nos familles, nos amis, nos clans, tribus… et nous oublions les pauvres, les orphelins, les veuves, les déplacés de guerre.
  2. Cette communion se limite seulement au partage des biens matériels. Une fois qu’on a donné une couverture et à manger, on se limite là. Or, notre communion doit être vécue par le partage de nos valeurs profondes de l’évangile, de la foi, de l’espérance, de l’amour.

Aux parents,  je demande de parler de l’évangile à leurs enfants, de la naissance de Jésus… leur donner toute une catéchèse de Jésus, leur partager la foi, l’espérance, l’amour, la parole de Dieu ; pas seulement distribuer les biens matériels (cadeaux) qui nous habite.

Que notre partage nous ouvre aussi à tout le monde ; pas seulement ceux qui sont proches de nous par la tribu, la langue, les affinités, la famille…mais toute personne qui est dans le besoin peu importe ses origines, que nous puissions partager avec lui. En ce temps de Noël, ouvrons largement nos cœurs à tous ceux qui souffrent, qui attendent de nous un signe d’espérance et que chacun fasse l’effort pendant cette période festive d’être celui qui donne l’espérance à l’autre. Que nous puissions partager avec tous nos frères et sœurs toutes nos valeurs spirituelles. Que nous donnions une parole qui redonne la vie mais pas celle qui la fait perdre son sens.

Pendant ce temps de Noël, apprenons mes frères et sœurs à être sur l’espérance par nos actes, auprès de nos frères et sœurs qui souffrent : les plus pauvres, les déshérités, les méprisés surtout… voilà le message que je voudrais donner.

C’est ainsi que je voudrais souhaiter à toutes nos communautés chrétiennes, partout où elles se trouvent une joyeuse fête de Noël et une bonne année 2023 qui soit une année de paix, prospérité, de communion et d’amour entre nous ».

Propos recueillis par Lydie Waridi Kone

Communication

Les écoles catholiques de Goma assistent des élèves déplacés à Nyiragongo

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Assistance des élèves ECC aux déplacés de guerre/Goma/LWK

Plus de 2000 élèves déplacés à Nyiragongo ont été assistés, le samedi 26 novembre 2022, par des élèves des institutions catholiques de la ville de Goma. Cette assistance des vivres et non vivres vient soulager la souffrance qu’éprouvent ces nécessiteux qui, depuis plus trois mois, vivent dans les sites de déplacés en territoire de Nyiragongo fuyant la guerre entre l’armée loyaliste (FARDC) et les rebelles du M23.

Accompagné par des milliers d’élèves des différentes écoles de Goma, Mgr Henri Chiza a jeté les dés en partageant l’assistance – un sachet d’haricot-  avec une élève vivant au  camp des déplacés à Turunga, un autre site à part celui de Kanyaruchinya où les déplacés ont élu domicile. Devant une foule de petits enfants, l’émotion était grande. On pouvait voir certains sans babouches, habits déchirés ou culotes… ravis de recevoir l’assistance.

A l’arrivée des bus qui transportaient les élèves venus des Goma, c’est des chants et acclamations que les autres élèves déplacés ont réservés à leurs semblables vêtus en bleu-blanc couleur d’uniforme de la République démocratique du Congo.

Ainsi, chaque élèves a choisi un élève déplacé au hasard et ensemble main dans la main ont marché jusqu’à l’endroit où étaient entassés les vivres et non vivres.

«  C’est vraiment triste de voir que pendant que nous allons à l’école d’autres enfants sont privés de cela à cause de la guerre dans leur milieu. Nous sommes venus car on espère les rendre heureux au moins aujourd’hui. Et même si c’est une petite assistance, on espère vraiment que cela va diminuer tant soit peu le stress qu’ils subissent chaque jour. Aussi, nous remettons toute cette situation entre les mains du Seigneur lui qui est le vrai protecteur», a déclaré Zawadi, élève de 2 ème secondaire à l’institut Mwanga. Pour Chico, un autre élève, c’est la faute au Gouvernement : «  Moi, je condamne notre Gouvernement, je  ne sais pas quel est ce parent qui peut accepter de voir son enfant souffrir de la sorte ?,  le parent ici c’est le gouvernement et il ne fait rien. C’est inadmissible ».

Riz, haricot, bananes plantains, farine de manioc, souliers, habits, c’est entre autres ce que les élèves ont apprêté pour leurs semblables. Un geste que Mgr Henri qualifie de compassion envers ceux qui en ont le plus besoin  avant de donner l’alerte sur un potentiel danger qui guetterait ces élèves s’ils ne retournent pas vite dans leur milieu d’origine et surtout à l’école: « Nous sommes les écoles conventionnées catholiques et nous formons un homme complet, un homme total. C’est dans ce souci de formation globale qui nous inspire à répondre aux besoins du moment et à former par la suite nos élèves à cette sensibilité totale au besoin de leur milieu. Mais il faut savoir également que l’église à travers son Evêque nous demande à être ouvert et à soutenir nos frères et sœurs qui souffrent. Nos élèves doivent comprendre qu’à leur âges ont peut avoir des  surprises de la vie où des enfants souffrent », a expliqué Mgr Henri. Avant de chuter : « Plus cette situation perdure dans les jours à venir c’est un danger potentiel car ceux qui n’étudient pas aujourd’hui et traversent toutes ces situations atroces seront un motif d’insécurité ».

Lydie Waridi Kone

Cellule de Communication

LE GROUPE DES MAMA MWANGAZA : QUARANTE ANS APRÈS!

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LES MAMA MWANGAZA sont un groupe d’action catholique né dans le Diocèse de Goma en 1982 sous forme
d’une chorale dont Monsieur Dieudonné Ndetuliye était responsable. Dans la suite des événements les
membres de cette chorale d’un quartier de Birere III en paroisse Cathédrale Saint Joseph en ville de Goma
s’est mué en groupe de prière en mettant l’accent sur les œuvres et l’apostolat en lieu et place des chants.
Désormais il fait partie des MAC (Mouvements d’Action Catholique), mouvements laïcs du Diocèse
conformément au Code Juridique du Droit Canonique qui stipule : « Les fidèles ont la liberté de fonder et de
diriger librement des associations ayant pour but la charité ou la piété, ou encore destinées à promouvoir la
vocation chrétienne dans le monde, ainsi que de se réunir afin de poursuivre ensemble ces mêmes fins »
(Can. 215).

Mes premiers contacts avec le groupe de prière.

C’est depuis 1985 que je travaille au diocèse de Goma comme prêtre diocésain et que j’entendais parler des
Mama Mwangaza mais c’est seulement en 2006 que Son Excellence Monseigneur l’Evêque Ngabu Faustin
(actuellement évêque émérite), alors évêque du Diocèse de Goma a daigné me nommer aumônier du groupe,
ce qui m’a permis de le côtoyer davantage et de mieux le connaître. Alors que je croyais rencontrer de vieilles
dames fatiguées et incapables de travailler, inutiles pour l’église de ce temps, à ma grande surprise, j’ai vu
que le groupe comprenait aussi des hommes (et pas uniquement des femmes : le nombre d’hommes était
très réduit mais il y en avait) et pas seulement de vieilles femmes mais aussi et surtout de jeunes mamans
capables de bouger le monde et pleines d’enthousiasme et d’initiatives. Des femmes qui constituent une
force indéniable et qui ont des potentialités dont l’Eglise diocésaine a besoin pour son développement
intégral.

Des réalisations des Mama Mwangaza


Une des activités principales cette année-là (comme chaque année) fut la préparation de la fête de
l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge Marie qui tombe toujours le 8 décembre de chaque année
dans l’Eglise Catholique. C’est la Fête des fêtes pour les Mama Mwangaza comme ça devrait l’être pour
chaque être de chair conscient de la participation de la Vierge Marie à sa rédemption. Célébrer l’Immaculée
Conception de Marie c’est affirmer sans ambages que dès le premier instant de son existence terrestre, Marie
est le seul être humain qui n’a pas commis ni connu le péché originel, encore moins une quelconque autre
faute liée à la nature humaine. Bien entendu, en affirmant, après mûre réflexion, que la Vierge Marie n’a
jamais perdu l’innocence originelle et qu’elle est la nouvelle Eve, l’Eglise Catholique n’affirme pas autre chose
que le salut intégral de celle qui allait devenir la Mère du Sauveur : elle a été rachetée d’avance par lui d’une
manière éminente et unique, on dirait même exceptionnelle en considération des mérites de son Fils.

La fête a donc été préparée avec minutie par une Neuvaine (sorte de retraite spirituelle préparatoire des
grandes fêtes) à partir du début du mois de décembre. Notons aussi que c’est Marie en tant que Immaculée
(conçue sans péché) qui est la patronne du groupe et la fête est célébrée avec la plus grande solennité
possible : à l’occasion on invite le ban et l’arrière ban. Pendant la Neuvaine les mamans étaient très
nombreuses et c’est à peine que l’on pouvait noter la présence de quelques hommes. Mais le Jour de la Fête,
le 08 décembre 2006, ce fut comme dans le livre de l’Apocalypse : « C’était une foule immense que nul ne
pouvait dénombrer » (Apoc 7,9), hommes et femmes, jeunes et vieux mais les femmes étaient de loin les
plus nombreuses. Une foule immense de témoins qui n’a pas manqué d’impressionner et d’attirer
l’attention en tant qu’atout majeur de développement. Avoir plus de deux milles personnes fortes,
dynamiques, attentionnées, pleines de bonne volonté et disponibles, un peu comme les Israélites quand ils
dirent à Moïse : tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique… Avec une telle population, que
ne peut-on pas faire en commençant par ces mamans elles-mêmes?

En dehors de la solennité de l’Immaculée Conception que l’on célèbre chaque année, les Mama Mwangaza
ont aussi célébré leur Jubilée d’argent en 2007. Le groupe a eu l’idée de confectionner l’uniforme pour plus
de visibilité et cela a drainé un grand monde vers eux. Et comme dit l’adage : « Quot capita, tot sensus :
autant de têtes, autant d’avis », l’idée est venue « d’aller en périphérie », c’est-à-dire, sortir du Diocèse (Va
plus loin). Après tirage au sort, le choix est tombé sur le Diocèse de Nyundo au Rwanda voisin. Là l’accueil a
été chaleureux, fraternel, impressionnant et pour l’Evêque du lieu, Son Excellence Monseigneur Alexis
Habiyambere (aujourd’hui émérite), c’était l’Esprit de Dieu qui parlait en ses fils. Du côté de l’Eglise du
Rwanda, c’est comme si le groupe était attendu depuis longtemps. Depuis lors, les Mama Mwangaza n’ont
fait que gagner du terrain.

Au Diocèse de Goma on venait de créer le Grand Séminaire de Théologie Saint Jean Paul II qui éprouvait
beaucoup de difficultés de fonctionnement. Ainsi est née l’idée de réunir occasionnellement vivres et non
vivres pour pourvoir aux besoins du Séminaire diocésain. Par la suite, on a commencé à distribuer à tous les
Séminaires présents à Buhimba : Redemptoris Mater, Propédeutique saint André, Philosophat Mgr Busimba
et Théologat Saint Jean Paul II. Pour toute nécessité, Goma et Nyundo fonctionnent comme un même groupe,
tellement l’union est grande. Aujourd’hui, beaucoup d’autres groupes de prières et même les paroisses de la
ville ont emboîté le pas pour une bonne prise en charge des maisons de formation sacerdotale.

Il va sans dire que j’étais nommé comme aumônier et non comme président ou directeur d’une association
ou d’un organisme non gouvernemental quelconque. Restant sauves les paroles du Concile Vatican II sur
l’apostolat des laïcs dans l’Eglise : « La mission de l’Eglise, par conséquent, n’est pas seulement d’apporter
aux hommes le message du Christ et sa grâce, mais aussi de pénétrer et de parfaire par l’esprit évangélique
l’ordre temporel. Les fidèles laïcs accomplissant cette mission de l’Eglise, exercent donc leur apostolat aussi
bien dans l’Eglise que dans le monde, dans l’ordre spirituel que dans l’ordre temporel. Bien que ces ordres
soient distincts, ils sont liés dans l’unique dessein divin ; aussi Dieu lui-même veut-il, dans le Christ, réassumer
le monde tout entier, pour en faire une nouvelle créature en commençant dès cette terre et en lui donnant
sa plénitude au dernier jour. Le laïc, qui est tout ensemble membre du peuple de Dieu et de la cité des
hommes n’a qu’une conscience chrétienne. Celle-ci doit le guider sans cesse dans les deux domaines »
(Décret sur l’apostolat des laïcs : Apostolicam Actuositatem n° 5).

Ce faisant, j’ai donc pensé que ces gens pouvaient être assistés en intelligence et en savoir-faire et peut-être
en entreprenariat pour constituer un socle de développement communautaire solide non seulement pour
les diocèses mais même pour le pays et pourquoi pas la Région des Grands Lacs africains. Une chose est
certaine : les intellectuels congolais devraient trouver une manière de mettre leur Intelligentsia à la
disposition ou mieux au service de la population congolaise généralement analphabète. On n’étudie pas pour
soi-même mais pour les autres. Voilà ce qui pourrait hâter le développement et l’émergence rapide du pays
et de la Région. C’est le sens du principe latin : « Mens agitat molem » : l’esprit meut la masse. C’est aussi le
non-dit du service que l’on attend de l’aumônerie mais c’est dans la discrétion.

Perspective davenir


Le groupe des Mama Mwangaza, comme tous les groupes de prière qui forment les MAC est un groupe
spirituel qui se situe dans le cadre des associations des fidèles tel que défini par le Code du Droit canonique
(Can 299 à 301). Il s’agit bel et bien d’un groupe missionnaire, évangélisateur comme le dit si bien le pape
François dans son encyclique Evangelii Gaudium où il cite à plusieurs reprises l’expression « disciples
missionnaires » (n° 20 24). Le disciple c’est celui qui apprend mais dans l’esprit du pape il doit en même
temps être un porteur de la Bonne Nouvelle. Il faut aller à la recherche de la brebis perdue (à la périphérie
selon lexpression chère au pape François) comme Jésus a fait lorsqu’il a rencontré la femme samaritaine (Jn
4, 4-52). De femme aux mœurs légères qu’elle était avant de rencontrer le Christ, elle est devenue apôtre et
héraut de l’évangile. Voilà pourquoi le Seigneur Dieu a dit : vous ne pouvez pas me voir et vivre (Ex 33,20).
Vous ne pouvez plus vivre comme avant lorsque vous avez rencontré le Seigneur votre Dieu. C’est pourquoi
Jésus envoie des disciples : de toutes les nations faites des disciples…

De ce point de vue, les Mama Mwangaza ainsi que les autres mouvements de prière (qui plus qui moins)
s’efforcent autant que faire se peut à s’y appliquer. Il y a un aspect qui semble être, si pas oublié du moins
négligé par la plupart des groupes et mouvements de prière.

C’est l’aspect temporel tel que stipulé plus haut conformément à l’enseignement du Magistère de l’Eglise
Catholique. A linstar du pape Jean Paul II au sujet de la foi et de la raison dans son encyclique Fides et Ratio.
Il dit : « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la
contemplation de la vérité » (n°0). De la même façon, nous pouvons dire que le spirituel et le temporel sont
les deux ailes qui permettent aux mouvements daction catholique d’atteindre leurs objectifs. C’est le souhait
que lon peut formuler en leur endroit pour échapper à la critique d’être opium du peuple.

Abbé Kitsa Buunda Daniel, Formateur au Grand Séminaire Saint Jean-Paul II de Buhimba, Diocèse de Goma/RDC

LE GROUPE DES MAMA MWANGAZA :
QUARANTE ANS APRES

LES MAMA MWANGAZA sont un groupe d’action catholique né dans le Diocèse de Goma en 1982 sous forme
d’une chorale dont Monsieur Dieudonné Ndetuliye était responsable. Dans la suite des événements les
membres de cette chorale d’un quartier de Birere III en paroisse Cathédrale Saint Joseph en ville de Goma
s’est mué en groupe de prière en mettant l’accent sur les œuvres et l’apostolat en lieu et place des chants.
Désormais il fait partie des MAC (Mouvements d’Action Catholique), mouvements laïcs du Diocèse
conformément au Code Juridique du Droit Canonique qui stipule : « Les fidèles ont la liberté de fonder et de
diriger librement des associations ayant pour but la charité ou la piété, ou encore destinées à promouvoir la
vocation chrétienne dans le monde, ainsi que de se réunir afin de poursuivre ensemble ces mêmes fins »
(Can. 215).

Mes premiers contacts avec le groupe de prière.

C’est depuis 1985 que je travaille au diocèse de Goma comme prêtre diocésain et que j’entendais parler des
Mama Mwangaza mais c’est seulement en 2006 que Son Excellence Monseigneur l’Evêque Ngabu Faustin
(actuellement évêque émérite), alors évêque du Diocèse de Goma a daigné me nommer aumônier du groupe,
ce qui m’a permis de le côtoyer davantage et de mieux le connaître. Alors que je croyais rencontrer de vieilles
dames fatiguées et incapables de travailler, inutiles pour l’église de ce temps, à ma grande surprise, j’ai vu
que le groupe comprenait aussi des hommes (et pas uniquement des femmes : le nombre d’hommes était
très réduit mais il y en avait) et pas seulement de vieilles femmes mais aussi et surtout de jeunes mamans
capables de bouger le monde et pleines d’enthousiasme et d’initiatives. Des femmes qui constituent une
force indéniable et qui ont des potentialités dont l’Eglise diocésaine a besoin pour son développement
intégral.

Des réalisations des Mama Mwangaza

Une des activités principales cette année-là (comme chaque année) fut la préparation de la fête de
l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge Marie qui tombe toujours le 8 décembre de chaque année
dans l’Eglise Catholique. C’est la Fête des fêtes pour les Mama Mwangaza comme ça devrait l’être pour
chaque être de chair conscient de la participation de la Vierge Marie à sa rédemption. Célébrer l’Immaculée
Conception de Marie c’est affirmer sans ambages que dès le premier instant de son existence terrestre, Marie
est le seul être humain qui n’a pas commis ni connu le péché originel, encore moins une quelconque autre
faute liée à la nature humaine. Bien entendu, en affirmant, après mûre réflexion, que la Vierge Marie n’a
jamais perdu l’innocence originelle et qu’elle est la nouvelle Eve, l’Eglise Catholique n’affirme pas autre chose
que le salut intégral de celle qui allait devenir la Mère du Sauveur : elle a été rachetée d’avance par lui d’une
manière éminente et unique, on dirait même exceptionnelle en considération des mérites de son Fils.

La fête a donc été préparée avec minutie par une Neuvaine (sorte de retraite spirituelle préparatoire des
grandes fêtes) à partir du début du mois de décembre. Notons aussi que c’est Marie en tant que Immaculée

(conçue sans péché) qui est la patronne du groupe et la fête est célébrée avec la plus grande solennité
possible : à l’occasion on invite le ban et l’arrière ban. Pendant la Neuvaine les mamans étaient très
nombreuses et c’est à peine que l’on pouvait noter la présence de quelques hommes. Mais le Jour de la Fête,
le 08 décembre 2006, ce fut comme dans le livre de l’Apocalypse : « C’était une foule immense que nul ne
pouvait dénombrer » (Apoc 7,9), hommes et femmes, jeunes et vieux mais les femmes étaient de loin les
plus nombreuses. Une foule immense de témoins qui n’a pas manqué d’impressionner et d’attirer
l’attention en tant qu’atout majeur de développement. Avoir plus de deux milles personnes fortes,
dynamiques, attentionnées, pleines de bonne volonté et disponibles, un peu comme les Israélites quand ils
dirent à Moïse : tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique… Avec une telle population, que
ne peut-on pas faire en commençant par ces mamans elles-mêmes?

En dehors de la solennité de l’Immaculée Conception que l’on célèbre chaque année, les Mama Mwangaza
ont aussi célébré leur Jubilée d’argent en 2007. Le groupe a eu l’idée de confectionner l’uniforme pour plus
de visibilité et cela a drainé un grand monde vers eux. Et comme dit l’adage : « Quot capita, tot sensus :
autant de têtes, autant d’avis », l’idée est venue « d’aller en périphérie », c’est-à-dire, sortir du Diocèse (Va
plus loin). Après tirage au sort, le choix est tombé sur le Diocèse de Nyundo au Rwanda voisin. Là l’accueil a
été chaleureux, fraternel, impressionnant et pour l’Evêque du lieu, Son Excellence Monseigneur Alexis
Habiyambere (aujourd’hui émérite), c’était l’Esprit de Dieu qui parlait en ses fils. Du côté de l’Eglise du
Rwanda, c’est comme si le groupe était attendu depuis longtemps. Depuis lors, les Mama Mwangaza n’ont
fait que gagner du terrain.

Au Diocèse de Goma on venait de créer le Grand Séminaire de Théologie Saint Jean Paul II qui éprouvait
beaucoup de difficultés de fonctionnement. Ainsi est née l’idée de réunir occasionnellement vivres et non
vivres pour pourvoir aux besoins du Séminaire diocésain. Par la suite, on a commencé à distribuer à tous les
Séminaires présents à Buhimba : Redemptoris Mater, Propédeutique saint André, Philosophat Mgr Busimba
et Théologat Saint Jean Paul II. Pour toute nécessité, Goma et Nyundo fonctionnent comme un même groupe,
tellement l’union est grande. Aujourd’hui, beaucoup d’autres groupes de prières et même les paroisses de la
ville ont emboîté le pas pour une bonne prise en charge des maisons de formation sacerdotale.

Il va sans dire que j’étais nommé comme aumônier et non comme président ou directeur d’une association
ou d’un organisme non gouvernemental quelconque. Restant sauves les paroles du Concile Vatican II sur
l’apostolat des laïcs dans l’Eglise : « La mission de l’Eglise, par conséquent, n’est pas seulement d’apporter
aux hommes le message du Christ et sa grâce, mais aussi de pénétrer et de parfaire par l’esprit évangélique
l’ordre temporel. Les fidèles laïcs accomplissant cette mission de l’Eglise, exercent donc leur apostolat aussi
bien dans l’Eglise que dans le monde, dans l’ordre spirituel que dans l’ordre temporel. Bien que ces ordres
soient distincts, ils sont liés dans l’unique dessein divin ; aussi Dieu lui-même veut-il, dans le Christ, réassumer
le monde tout entier, pour en faire une nouvelle créature en commençant dès cette terre et en lui donnant
sa plénitude au dernier jour. Le laïc, qui est tout ensemble membre du peuple de Dieu et de la cité des
hommes n’a qu’une conscience chrétienne. Celle-ci doit le guider sans cesse dans les deux domaines »
(Décret sur l’apostolat des laïcs : Apostolicam Actuositatem n° 5).

Ce faisant, j’ai donc pensé que ces gens pouvaient être assistés en intelligence et en savoir-faire et peut-être
en entreprenariat pour constituer un socle de développement communautaire solide non seulement pour
les diocèses mais même pour le pays et pourquoi pas la Région des Grands Lacs africains. Une chose est
certaine : les intellectuels congolais devraient trouver une manière de mettre leur Intelligentsia à la
disposition ou mieux au service de la population congolaise généralement analphabète. On n’étudie pas pour
soi-même mais pour les autres. Voilà ce qui pourrait hâter le développement et l’émergence rapide du pays
et de la Région. C’est le sens du principe latin : « Mens agitat molem » : l’esprit meut la masse. C’est aussi le
non-dit du service que l’on attend de l’aumônerie mais c’est dans la discrétion.

Perspective davenir
Le groupe des Mama Mwangaza, comme tous les groupes de prière qui forment les MAC est un groupe
spirituel qui se situe dans le cadre des associations des fidèles tel que défini par le Code du Droit canonique
(Can 299 à 301). Il s’agit bel et bien d’un groupe missionnaire, évangélisateur comme le dit si bien le pape
François dans son encyclique Evangelii Gaudium où il cite à plusieurs reprises l’expression « disciples
missionnaires » (n° 20 24). Le disciple c’est celui qui apprend mais dans l’esprit du pape il doit en même
temps être un porteur de la Bonne Nouvelle. Il faut aller à la recherche de la brebis perdue (à la périphérie
selon lexpression chère au pape François) comme Jésus a fait lorsqu’il a rencontré la femme samaritaine (Jn
4, 4-52). De femme aux mœurs légères qu’elle était avant de rencontrer le Christ, elle est devenue apôtre et
héraut de l’évangile. Voilà pourquoi le Seigneur Dieu a dit : vous ne pouvez pas me voir et vivre (Ex 33,20).
Vous ne pouvez plus vivre comme avant lorsque vous avez rencontré le Seigneur votre Dieu. C’est pourquoi
Jésus envoie des disciples : de toutes les nations faites des disciples…

De ce point de vue, les Mama Mwangaza ainsi que les autres mouvements de prière (qui plus qui moins)
s’efforcent autant que faire se peut à s’y appliquer. Il y a un aspect qui semble être, si pas oublié du moins
négligé par la plupart des groupes et mouvements de prière.

C’est l’aspect temporel tel que stipulé plus haut conformément à l’enseignement du Magistère de l’Eglise
Catholique. A linstar du pape Jean Paul II au sujet de la foi et de la raison dans son encyclique Fides et Ratio.
Il dit : « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la
contemplation de la vérité » (n°0). De la même façon, nous pouvons dire que le spirituel et le temporel sont
les deux ailes qui permettent aux mouvements daction catholique d’atteindre leurs objectifs. C’est le souhait
que lon peut formuler en leur endroit pour échapper à la critique d’être opium du peuple.

Fait à Goma/Buhimba le 02 avril 2023

Abbé Kitsa Buunda Daniel, formateur au Grand Séminaire Saint Jean-Paul II de Buhimba, Diocèse de Goma/RDC

ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL

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INTRODUCTION

« Y a pas photo ! ». Cogiter sur « l’accueil, l’écoute et l’accompagnement » n’est pas si évident. Chacun a déjà eu cette expérience d’accueillir, d’écouter et d’accompagner quelqu’un, d’une manière formelle ou informelle. Certaines structures académiques ou para-académiques offrent des stratégies, des techniques, voire des méthodes pédagogiques pour atteindre les résultats escomptés.

En revanche, une grande majorité de gens appliquent des méthodes spontanées selon les temps et les circonstances. Dans tous les cas, un point de convergence saute aux yeux. Ces trois verbes « accueillir, écouter et accompagner » s’appellent mutuellement et sont complémentaires.

CONNAIS-TOI TOI-MEME

Tout comme la maïeutique consiste à faire accoucher les esprits de leurs connaissances pour autant qu’elle est destinée à faire exprimer un savoir caché en soi, selon cette pensée qui remonte au IVe siècle av. J.-C, attribuée au philosophe Socrate, en faisant référence au Théétète de Platon, ainsi dans la direction spirituelle, tout commence par se connaître et se faire connaître aux autres.

A la suite de Socrate, le « Connais-toi toi-même » reste de mise. Au départ, c’est une très ancienne maxime de la sagesse grecque antique inscrite à l’entrée d’un temple dont voici la signification : « Sache que tu es mortel, et non divin. » Un adage latin en donnerait une meilleure intelligence : « memento mori »  Souviens-toi que tu vas mourir ou souviens-toi que tu es mortel. Une thématique rappelée aussi le mercredi de cendres pour marquer la finitude humaine face à l’absolu infini de Dieu.  Socrate va donner une toute autre signification à ce précepte : « Sache qu’il y a en toi un principe d’excellence qui doit guider tes actions : la raison ».

Dans les strates charnelles de la vie, s’accumule un héritage que chacun, bon gré malgré, se doit faire sien pour envisager une perspective de situation où apparaisse réellement la possibilité de dire « je ». C’est à travers ce « je » que l’être humain parvient à se connaître et à faire un saut qualitatif selon Maurice Zundel, « Je est un autre »  .

« Et maintenant il connaît qui il est, et maintenant il existe authentiquement, et maintenant il est devenu vraiment homme, dans ce dialogue avec un Autre, où il expérimente ce que Rimbaud a si parfaitement exprimé, sans savoir peut-être tout ce que ce mot recouvrait : « Je est un autre. »

UNE SURPRENANTE PROBLÉMATIQUE

Prendre conscience de cette situation, c’est déjà, en quelque manière, s’ouvrir une issue libératrice. Si Saint Paul a dit : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu » (1 Co, 4, 7), Maurice Zundel, tire la conclusion qui en découle en ces termes : « J’existe, mais il n’y a rien en moi que je tienne de moi ».

Dans une démarche analytico-critique, cette étude se veut une cogitation dans l’action car d’emblée se pose et s’impose dans le champ sémantique une question pertinente : Pourquoi seulement au Grand séminaire, l’accompagnement spirituel semble de rigueur dans son application avec un caractère obligatoire, et directement oublié aussitôt sorti de l’enceinte de cette maison de formation ? Ou encore, pourquoi les prêtres aiment bien diriger sans se faire diriger ? Est-il plus facile d’écouter que de s’ouvrir soi-même à l’autre ?

Le problème crucial qui se pose avec acuité est celui d’une vision anthropologique africaine. Cette approche fait remarquer qu’en Afrique, il n’est pas de cette tradition d’aller se confier à un prêtre où à un psychologue mais à un membre de famille ou un ami confidentiel.  Et par voie de conséquence, la notion d’accompagnateur spirituel, ou directeur spirituel semble ne pas s’ancrer dans le quotidien de beaucoup. D’où la question de sa restructuration s’impose.

Faut-il maintenant échanger sur la posture à prendre afin de militer pour la théorique-pratique qui plonge dans la réflexion de l’essence de l’éducation et la formation ? Sans l’ombre d’un doute, il faut se poser une question concrète pour une réponse concrète. En effet, l’accompagnement spirituel paraît comme une pilule amère à boire pour nombre de séminaristes qui osent laisser échapper leurs préoccupations en sourdine : « Tout ne doit être révélé à l’accompagnateur en raison de son humanité susceptible de fragilité ! »

VERS UNE HYPOTHESE PROBANTE

Il va sans dire que toutes ces questions appellent des réponses aux dimensions éclectiques touchant les domaines pédagogiques, philosophiques, psychanalytiques, développés sous la plume des hommes érudits des maîtres spirituels, sans omettre les expériences de la vie.

Il n’en demeure pas moins que l’objectif de cette étude se résume dans cette affirmation judicieuse où l’homme en quête du bonheur se doit d’être toujours en relation avec l’autre : « La philosophie, c’est l’appel à être heureux avec soi et à s’accorder avec l’autre. »  Cette préoccupation paraît la plus concrète des questions pour celui qui se la pose vraiment, à partir du moment, où elle s’inscrit dans la trajectoire de la vie sclérosée par les aléas et les vicissitudes de l’histoire.

Point n’est besoin d’affirmer que l’homme est au centre des sciences humaines. Il est aussi au cœur de plusieurs disciplines relevant des sciences humaines. A la base, il doit y avoir un cadre de référence théorique et pratique, théologique et anthropologique. C’est lui qui définit les démarches à entreprendre pour se construire humainement. Mais face à la profusion et diversité d’approches et de méthodes qui intègrent avec un enracinement ecclésial très variable, il devient de plus en plus indispensable de se donner des critères pour mieux cerner l’aspect de l’accompagnement spirituel.

Il y a, en chaque être, un besoin inné, profond, presque inexprimable, de trouver sa propre voix dans la sphère mondialisée. L’explosion exponentielle, révolutionnaire, de l’internet est l’une des plus puissantes manifestations modernes de cette vérité.

Aujourd’hui, il s’observe un climat d’intense recherche spirituelle dans le chef de jeunes en quête de Dieu, plus particulièrement pour ceux qui veulent consacrer leur vie comme prêtres, religieux ou religieuses. Mais tout s’estompe après la vie séminaristique, comme le constate Jean Laplace, qui amorce ainsi l’introduction de son ouvrage : « Ce livre s’adresse d’abord à des prêtres et il faut avouer que dans le clergé la direction spirituelle n’a pas bonne presse » .

DE LA PSYCHOLOGIE A L’ANTHROPO-THEOLOGIE

L’accompagnement spirituel doit aussi tirer ses racines des us et coutumes des situations existentielles. Quand un problème nécessite une solution, l’anthropologie africaine montre que l’intéressé va voir les personnes sensées de son entourage, sans qu’elles ne portent le nom d’accompagnateur ni de directeur spirituel. La notion d’accompagnateur reste confinée dans les séminaires, au point que hors de ses murs, la fréquentation diminue sensiblement.

En outre, le développement des sciences humaines, et tout particulièrement de la psychologie, imprègne de plus en plus ces pratiques et souvent d’ailleurs, avec sagesse. Face à cette profusion et diversité, afin d’offrir le meilleur service et d’éviter les dérives, il devient de plus en plus indispensable de se donner des critères pour mieux cerner la spécificité de chacune de ces approches.

Eu égards à tout ce qui précède, les formateurs et les éducateurs doivent fournir de sérieux efforts pour donner, à proportion des besoins de la formation intégrale, un nouvel accroissement de discernement de l’homme dans le tréfonds de son être.  Et selon Vatican II : « Il faut aussi que la lumière de la foi les aide à exercer leur discernement sur ce qui se trouve sur leur chemin. »

Le Concile met l’accent sur la nécessité d’une soigneuse formation à l’accompagnement spirituel par laquelle ils peuvent former tous les fils de l’Eglise, d’abord à une vie chrétienne pleinement consciente et apostolique, et aussi à l’accomplissement de leur devoir d’état.

Les questions préliminaires d’ordre géné¬ral esquissent la partie fixant l’essence, le lieu propre, la nécessité et les limites de l’accompagnateur spirituel. Dans le cadre posé, la tâche du guide spirituel et l’attitude correspondante chez le dirigé seront l’une et l’autre décrites méthodiquement. L’ébauche se doit de finir avec quelques situations particulières de la vie spirituelle et leurs exigences respectives.

CONCLUSION

L’accompagnement spirituel est un art de la pastorale, « l’art des arts », au dire de saint Grégoire le Grand. Il est aussi un charisme, un don spirituel qui profite à l’Eglise et à ses membres, un talent divin acquis dans la lumière et par la force de l’Esprit Saint .

Daigne les éventuels lecteurs de ces lignes, tirer profits de ces enseignements et de s’efforcer d’assimiler et d’accommoder tant bien que mal les points focaux utiles pour une vision vers les nouveaux horizons, au travers d’un accompagnement spirituel holistique, afin de s’insérer dans la perspective de Sa Sainteté le Pape François sous la thématique de « Pacte éducatif global » . Le Saint Père met l’accent sur trois dimensions y relatives :

  • Placer la personne au cœur de chaque processus éducatif ;
  • Investir toute son énergie au service d’une éducation de qualité pour tous ;
  • Entraîner les personnes désireuses de se mettre au service de la communauté.

Somme toute, quiconque accompagne un autre à faire quelques pas sur la voie de la sain-teté, n’aura pas peiné pour rien. En effet, accueillir aujourd’hui des jeunes à accompagner, est selon Guy Lespinay : « une chance inouïe de réalisation de soi et d’exercice d’une saine paternité ou d’une saine maternité ».

Par Abbé Jacques Letakamamba,

 Directeur spirituel au theologat St jean –Paul II

Message des Évêques de l’Assemblée Épiscopale Provinciale de Bukavu aux chrétiens catholiques et aux hommes de bonne volonté.

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Déclaration de la CENCO sur la situation sécuritaire du pays.

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Une nouvelle paroisse érigée dans le Diocèse de Goma

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Dans l’objectif de rapprocher les fidèles chrétiens de leurs pasteurs, l’Evêque de Goma, S. E. Mgr Willy Ngumbi, a érigé canoniquement une nouvelle paroisse dans le territoire de Nyiragongo et l’a confiée sous le patronage  du Bienheureux Isidore Bakanja à travers une célébration eucharistique concélébrée par une cinquantaine des prêtres en date du 25 septembre 2022 à l’esplanade de l’Institut Supérieur des techniques médicales (ISTM GOMA).

Du latin ‘’parochia’’, le mot paroisse contient donc une notion de voisinage, de proximité : autrement dit, pour qu’il y ait communauté chrétienne, un minimum de relations sociales entre les personnes est nécessaire. C’est pourquoi, il a plu à l’ordinaire du lieu, par sa sollicitude pastorale et le besoin longtemps senti, d’ériger la paroisse Bienheureux Isidore Bakanja pour rapprocher les chrétiens jadis vivant dans le sud-ouest (Muja, Mukondo,…) de la  paroisse de Ndosho à une distance considérable.

C’est ainsi que, à la vue des milliers des chrétiens de cette contrée et venus d’autres paroisses de Goma, devant les différentes autorités politico-administratives et coutumières de la province du Nord-Kivu, l’évêque de Goma a procédé à la lecture du décret tiré du droit Canon, légitimant l’érection de la nouvelle paroisse Bienheureux Isidore Bakanja.

Dans ses allocutions, le célébrant du jour a fait part à l’assemblée le pourquoi de sa volonté de confier cette nouvelle paroisse à l’intercession du Bienheureux Isidore Bakanja : « J’ai trouvé mieux que Bakanja sois l’intercesseur des chrétiens de cette paroisse car il a été proclamé par le Pape Jean-Paul II comme patron des laïcs congolais, il est aussi le vrai Zaïrois, le vrai congolais. Il est mort pour la foi catholique, il est laïc comme vous, il est votre frère et va intercéder pour vous auprès du Père » a-t-il énoncé.

Et en poursuivant, « Oui ! c’est une nouvelle paroisse, c’est un bébé qui vient de naitre, et n’a rien », par ces mots l’ordinaire du lieu a appelé tous les fidèles de Goma et toutes les personnes de bonne volonté de venir en aide à ce nouveau-né sous diverses formes et selon la capacité de tout et un chacun pour qu’il grandisse.

A y voir de près, cette nouvelle paroisse nécessite la générosité des fidèles pour son fonctionnement comme  le presbytère, les bureaux des prêtres et agents pastoraux, le moyen de transport, des salles de réunion, de catéchèse, des objets liturgiques, etc.

Présents à cette célébration, quelques fidèles ont prêché par l’exemple en apportant à l’instant même différentes donations à ce bébé qui vient de naitre. Des sacs de ciment, de tonnes de fer à béton, la monnaie,… un exemple vivant de soutien au développement de l’œuvre de Dieu.

Heureuse d’appartenir à une paroisse très proche de sa résidence, Riziki Nzabora, une fidèle de cette paroisse et habitante du village Mukondo exprime son immense joie à travers une interview accordée à Construire Ensemble : « J’ai été très heureuse d’apprendre que Mgr l’Evêque, notre Pasteur va ériger une nouvelle paroisse à Goma et particulièrement dans ma contrée. Je suis soulagée, vu que je parcourais une dizaine de kilomètres pour arriver à la paroisse Saint François Xavier de Ndosho, et je me fatiguais terriblement. Je me contentais  des activités des communautés Ecclésiales vivantes car  je ne pouvais plus aller à la messe, ni à la confession et je ne pouvais plus accéder à communion comme c’était trop loin de la paroisse. Gloire à Dieu qui vient d’exaucer nos prières et grâce à lui, aujourd’hui je redeviens un chrétien fervent ».

Signalons que la charge pastorale et la gestion de cette paroisse sont confiées aux prêtres de la congrégation des pères Carraciolini.

A la fin de la célébration, une visite guidée a été rendue effective au quartier Saint Joseph, qui désormais est devenu et servira comme Eglise paroissiale Bienheureux Isidore Bakanja.

AB

Cellule de Communication

Un bijou inauguré à Karambi

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C’est précisément à Kitagoma,  un village de la localité de Nyamagana, groupement de Busanza, dans la chefferie de Bwisha en territoire de Ruthuru, située à 100 km au nord de Goma, dans le Nord-Kivu que la magnifique maison de passage a été érigée. Avec ses 6 chambres et 1 cantine, la maison d’accueil Saint Paul fait la fierté de ce coin de la RDC.

Mgr Willy Ngumbi, accompagné par une foule des fidèles, coupe le ruban symbolique annonçant l’ouverture de la maison de passage Saint Paul.

Les travaux pour élever ce que beaucoup qualifient désormais de « bijou », situé à la frontière du Congo et l’Ouganda, dans ce coin de Karambi, n’auront pris que 6 ans et ce, grâce au concours de la communauté, fidèles catholiques et non catholiques- qui a contribué et participé à 90% des travaux.

6 ans de participation que Mgr Willy a qualifiés de générosité des chrétiens de Karambi qui n’ont pas hésité à faire de cette œuvre la leur malgré les difficultés et une situation sécuritaire fragile à cause de la terreur semée par les groupes armés.

« Il ne s’agit pas que des groupes armés auxquels je vous demande, surtout aux jeunes, de vous désolidariser », a crié Mgr Willy  à l’assemblée au cours d’une homélie dans une messe tenue peu avant l’inauguration de la maison de passage St Paul.

En effet, comme à l’accoutumé, le Pasteur du diocèse de Goma a parlé des antivaleurs : les vols, la corruption, les viols, la prostitution, le kanyanga (boisson locale et fortement alcoolisée), les union-libres, l’immoralité, le mensonge, le détournement, les  tueries, la sorcellerie… Abandonnez- toutes ces choses  mes chers chrétiens de Karambi et choisissez de devenir des citoyens responsables, choisissez la vie de Jésus Christ,  a-t-il déclaré.

En parlant des unions- libres, Mgr précise : « Un jeune chrétien n’a que deux choix à faire. Le 1er choix est celui du mariage, puisque c’est Dieu qui l’a voulu en créant l’homme et la femme. Le 2ème  choix, c’est la vie consacrée, la vie de vocation ».

« Les guerres incessantes dans le Nord-Kivu n’ont pas laissé intact cette entité sans  conséquences néfastes : chômage, faim, déplacement massif, malnutrition,… les paisibles citoyens n’ont plus que leurs champs pour subvenir à leurs besoins, a déclaré Abbé Joseph Sanzimana, Curé de la paroisse Saint Paul à Karambi.

Pour cet homme de l’Église, la maison de passage pourra d’une manière ou d’une autre donner une impulsion à l’économie locale en attirant les touristes dans ce milieu ou la verdure, l’air frais et les collines  gardent encore une beauté naturelle.

Lwk

Cellule de Communication

Soyez humble comme les enfants chers prêtres, dixit Mgr Willy Ngumbi, Evêque de Goma

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C’est le samedi 13 aout 2022 au centre des pères Palottins à Goma, à l’Est de la République démocratique du Congo qu’a pris fin la retraite du presbyterium du diocèse de Goma. Pendant une semaine, le clergé s’est retiré dans le silence, enseignement, méditation et prière. Un moment propice de ressourcement spirituel avant d’entamer une nouvelle année pastorale 2022-2023 pour « être des hommes qui annoncent la réconciliation et la paix ».

C’est l’abbé André Masinganda, Premier Secrétaire- général adjoint de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) qui, à la demande de Mgr Willy Ngumbi, Évêque de Goma, s’est livré à ce qu’il qualifie « d’un partage fructueux» avec ses frères en Christ et ce, sous le thème « le rôle prophétique du prêtre dans une église synodale».

Ainsi, autour de 84 prêtres, les enseignements se sont poursuivis dans une ambiance décontractée rappelant le rôle du  bon pasteur que doit jouer chaque prêtre.

« Il n’est pas facile de conduire les peuples de Dieu  vers le salut », a commenté abbé André dans un entretien avec la cellule de communication du diocèse de Goma. Pour l’originaire du diocèse de Wamba, le prêtre doit se rappeler toujours qu’il a reçu une mission du Seigneur et avant d’accomplir cette mission il doit savoir qu’il est « coopérateur » de son Évêque. Cette mission, a-t-il déclaré, est une mission qui doit renouveler force et conviction. Et, dans un contexte d’insécurité et de guerre qui sévissent au Nord-Kivu,  le Premier Secrétaire Général –adjoint de la CENCO parle d’une occasion pour raffermir leur foi en tant prêtre et raffermir la foi des peuples de Dieu.

Dans une concélébration Eucharistique avec Mgr Faustin Ngabu, Évêque émérite de Goma, Mgr Willy Ngumbi a, quant à lui, insisté sur le fait qu’un bon prêtre doit être humble à la manière des enfants comme le soulignent les saintes écritures  dans Matthieu 18 : 3 : «  Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point… ».

Pour cela, l’évêque de Goma parle de certaines caractéristiques qu’il attend trouver dans le clergé de Goma. Il s’agit d’être Vrai et vivre la transparence. Savoir pardonner, d’éviter la rancune,  faire fi au tribalisme, être humble, faire confiance aux autres et éviter toute méfiance et enfin avoir la joie de vivre.

Mgr Willy a fait savoir que c’est en incarnant ces vertus propre à l’enfant qu’une église synodale où les prêtres annoncent la réconciliation et la paix est possible.

Lydie Waridi Kone

Cellule de Communication

Mise en place 2022-2023

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