De quelle manière je contribue à ramener et à donner la Paix autour de moi ?
C’est la question qu’a lancé Mgr Willy Ngumbi, Evêque de Goma aux femmes lors de cette première Edition de JDF, qui a réuni plus de 5 mille femmes, pour trouver la paix face aux maux : Haine, tribalisme, discrimination, jalousie, l’envie, qui rongent les filles et fils de Goma et qui freinent « la vraie Paix » :
Pour trouver une réponse, Mgr Willy parle d’une lutte que chacun de nous est appelé à faire : « La lutte commence par la recherche d’une paix intérieure, la paix avec soi-même. Etre en paix avec soi signifie accepter et guérir de ses blessures du passé, comprendre de quelles manières elles nous ont conduit à endosser le rôle que nous avons encore aujourd’hui et essayer de retrouver qui vous êtes vraiment, votre moi profond, non pas celui qui est blessé ».
En ce 17 mars 2024 à la paroisse Notre Dame du Mont Carmel, l’évêque de Goma a appelé les femmes à prêcher par l’exemple en se référant à six femmes de la bible. D’abord d’Eve ; qui malgré sa naïveté, son rôle principal était celui de l’éducation des enfants. En tant que détentrice de l’éducation, la femme du diocèse de Goma doit prendre ce rôle (d’éducatrice) au sérieux et garantir ainsi un avenir meilleur à sa progéniture. Sarah (femme d’Abraham), elle était souriante, optimiste en Dieu ; elle a su donner de la joie dans sa famille. La femme du diocèse de Goma doit savoir aimer les enfants de la même manière et sans aucune distinction, préférence ou penchant. Ensuite Ruth, l’étrangère qui a fait preuve d’amour envers tous dans sa nouvelle famille et Anne, caractérisée par une vie de prière intense qui doit définir les femmes du diocèse de Goma. Et enfin, Marie– Madeleine, qui est l’exemple par excellence de la conversion du cœur malgré son état de pécheur et Marie, la mère de Jésus pour sa qualité d’obéissance à Dieu. Si la femme du Nord-Kivu obéit à la parole de Dieu, il n’y aura pas de tribalisme, des guerres moins encore les tueries… a chuté Mgr Willy pour clôturer sa conférence.
Un jeu des questions- réponses a ensuite suivi et où les femmes, une par une, a pris le micro pour poser sa question avant de promettre qu’elles vivront désormais selon l’exemple de ces six femmes qui ont contribué au salut et au développement de leurs peuples. Ces femmes ont également exprimé leur inquiétude face à l’alcoolisme exagérée de la jeunesse locale, et se sont engagées à user de leur pouvoir parental et social pour décourager cette pratique qui distrait plusieurs jeunes.
Ce qui aura sans doute marqué également l’esprit en ce 17 mars c’est aussi l’intervention inter religieux des femmes Kimbanguistes, musulmanes et protestantes qui après avoir suivi la catéchèse de l’évêque de Goma ont exprimé leur désir ardent de voir la paix revenir dans la région du Kivu.
«Dieu est la Paix par excellence. Et si nous disons que nous prions ce Dieu alors que l’on soit Catholiques, Musulmans, Kimbanguistes, Protestants, ou membre de l’Eglise de Réveil, alors nous devons tous œuvrer pour la paix et la cohabitation pacifique entre les peuples », a lancé au micro la maman Kimbanguiste devant une foule qui a répondue par des applaudissements.
Autre fait marquant, c’est la présentation d’un tableau conçu par une des femmes du mouvement Marial peint à l’ancre bleu représentant l’image d’une femme assise et tachée de sang au milieu de la carte géographique de la RDC. Dans ses mains, on peut voir qu’elle tient une aiguille et essaie tant bien que mal à « recoller » « confectionner » les morceaux déchirés du pays par plus d’une décennie des guerres.
« Les principales victimes de toutes ces atrocités sont les femmes. Nous ne pouvons pas voir notre pays continuer à être déchiré par la violence et les crimes de tout genre sans rien faire. Il est temps que ‘’les femmes’’, réunissent (en confectionnant) toutes les parties du pays que certaines personnes malintentionnées ont déchiré à cause de leur désir égoïste. Nous disons Non, aux groupes rebelles qui pillent et nous violent. Non à ceux qui enrôlent de force nos enfants dans les milices. Non, à ceux qui alimentent le clivage ethnique et nous tuent à cause notre morphologie… Les femmes sont désormais debout et ne vont pas accepter que ce pays soit divisé, 30 ans de barbarie, c’est assez !» a déclaré une des représentantes de femmes en remettant ledit tableau à Mgr Willy Ngumbi.
Le rendez-vous du 17 mars 2024 était donc solennel et les fidèles-femmes sur leur « 31 », ont répondu présent à l’appel de leur Evêque, en qui, ont elle dit « placer leur confiance pour user de son influence et transmettre leurs doléances aux autorités du pays ».
L’initiative de réunir les femmes et filles des différentes confessions religieuses autour des questions fondamentales de la société, a été louée par plus d’un observateur au regard de leur effectif au sein de la communauté et de l’influence que leurs actions peuvent avoir dans ce processus de recherche de la paix.
Au mois de mars de l’an prochain, sauf en cas d’imprévu, la deuxième édition de cette journée pourrait être organisée au diocèse de Goma.
Lydie Waridi Kone
Communication