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La guerre du M23 : des paroisses assiégées

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Les paroisses : Notre Dame de Lourdes Jomba, Saint Paul Karambi, Notre Dame du Rosaire Rugari, Saint aloys Rutshuru, Sainte Faustine Kiwanja, Notre Dame de l’Assomption Birambizo, Notre Dame de l’Espérance, Kanyaruchinya, Sainte Thérèse de l’enfant Jésus, Saint François Caracciolo à Binja,… vivent un moment tragique de leur histoire et dans leur pastorale actuellement où des fidèles sont forcés de se déplacer fuyant les atrocités causées par la guerre à l’Est de la RD Congo entre les rebelles du M23 et les FARDC (forces armées de la RDCongo et le Mouvement du 23 mars).

Depuis le mois d’avril 2022, le mouvement rebelle du M23 a relancé le cycle de guerre à l’Est de la République démocratique du Congo. La dernière s’est terminée il y a à peine quatre ans. Des morts et des déplacés s’enregistrent dans les zones de guerre.

En effet, la zone instable concernée par la guerre à l’Est du Congo est l’ancienne région du Kivu intégrée dans la région des Grands- Lacs, une terre aux enjeux économiques très importants. Elle dispose de grandes ressources minières notamment l’or, la cassitérite, le pétrole, etc. Cette région est aussi riche en gaz méthane présent naturellement dans le lac Kivu. Les richesses agricoles de cette terre fertile sont également très convoitées.

Les paroisses de Jomba, Rutshuru, Kiwanja, Karambi, Rugari, Kanyaruchinya, Birambizo, Binja,… subissent les conséquences désastreuses, pillages systématiques, profanations,… Ces structures du diocèse de Goma abandonnées à leur triste sort, ne font que revêtir une image ensanglantée, désemparée, cruelle et inquiète. Les prêtres, les religieux et religieuses au service de l’Eglise dans ces circonscriptions pastorales mènent une vie à cheval entre la vie et la mort. La mission prophétique qu’exerce ces consacrés est étouffé par les ‘’hors la loi’’.

Inquiétude sur la ville de Goma

Actuellement, le M23 envahit des régions environnantes de la ville touristique de Goma ; une présence proche de la capitale du Nord-Kivu qui inquiète ; ainsi que dans la chefferie de Bwito les rebelles s’y installent.

De nombreuses « forces négatives », comme les appelle Kinshasa, sévissent à l’Est de la RDC en plus du M23. Elles participent directement ou indirectement aux combats économiques et politiques en jeu en RDC. Difficile d’en faire une liste exhaustive. Il y a des groupes  qui ont des revendications et il existe autour une nébuleuse de bandits qui profitent et participent à l’instabilité en pillant et tuant.

A qui profite cette guerre ?

L’Est de la RDC est un territoire enclavé avec accessibilité difficile. Les routes sont quasi inexistantes, coupées par des zones de forêts denses.

Les acteurs politiques aussi trouvent leur intérêt. Détachés du pouvoir central, les chefs de guerre imposent les taxes, touchent des pourcentages sur les ressources de leur territoire. En cas d’arrêt de la guerre, ce genre de comportement ne serait plus possible.

Les ONG sont implantées depuis de très nombreuses années à Goma et plus largement à l’Est du pays. Leur présence est parfois remise en question par les populations locales. Selon elles, il n’est pas dans l’intérêt de la Monusco et les autres organisations que la guerre cesse. Un retour au calme signifierait la fin des missions.

Goma est devenue un nid d’organisations humanitaires et est peut-être le deuxième employeur de la ville après l’Etat. Néanmoins, leur action concrètement constatable sur le terrain semble limitée. Les déplacés de guerre du camp de Kanyaruchinya à la périphérie de Goma ne bénéficient que d’une distribution de biscuits et des vivres grâce à l’appui de la Caritas du diocèse de Goma et autres personnes animées par l’humanisme. D’autres structures humanitaires de la place emboitent le pas, mais le besoin est encore énorme pour soulager ces déplacés de guerre.

La population, première victime

Cette guerre a principalement des conséquences sur les civils. Les plus visibles sont évidemment les morts dont on ne possède aujourd’hui aucun bilan.

Les déplacements de populations ne sont pas sans conséquences. Les déplacés vivent dans des conditions très difficiles. Abbé Martin Iyamuremye, Curé de la paroisse Kanyaruchinya donne les détails : « A Kanyaruchinya, ils (les déplacés) n’ont pas accès à l’eau potable et les conditions sanitaires sont particulièrement inconfortables. On, enregistre au quotidien des morts suite aux conditions précaires qu’ils traversent. La concession de la paroisse héberge plus de 11240 ménages vulnérables. Pour vivre, ils ont déboisé 5,3 hectares en cherchant les bois de chauffage. Actuellement il n’y a ni plante, ni jardin, ni arbre, ni produits agricoles ; et pourtant nous vivions grâce à cela. Je lance un cri d’alarme à toute personne de bonne volonté qui nous viendrait en aide », a-t-il déclaré.

La guerre affecte aussi l’économie locale. Le prix des denrées alimentaires augmente fortement notamment du fait que Rusthuru, Masisi,  des régions agricoles, ne fournissent plus de céréales à cause des combats. Les prix augmentent du fait de la sur taxation de différents produits par les rebelles et les autorités de l’Etat de siège. Les habitants de l’Est sont aussi touchés par un chômage massif. Ces différents éléments exacerbent la pauvreté globale des populations.

Les forces de sécurité congolaises et le groupe armé M23 devraient minimiser l’impact sur la population civile de la reprise de leurs affrontements dans l’Est de la République Démocratique du Congo, a déclaré Human Rights Watch. Par le passé, les combats entre forces gouvernementales et rebelles ont entrainé des abus généralisés contre la population civile et des crises humanitaires prolongées.

Il sied de rappeler que les affrontements dans l’Est de la RD Congo sont régis par le droit international humanitaire, notamment par l’Article 3 des Conventions de Genève de 1949, qui interdit les exécutions sommaires, le viol, les actes de torture, le recrutement forcé et d’autres abus.

Augustin Kandi-Da

Communication

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