Essai de réflexion sur l’interculturalité et l’éducation aux compétences interculturelles

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  1. Les compétences interculturelles

De tous les aspects nécessaires permettant à l’homme de s’épanouir, d’exprimer ses idées ses émotions, ses sentiments et ses opinions, le vivre ensemble semble prendre la place la plus importante vue son rôle qu’il a à jouer dans nos communautés de vie, entre deux ou plusieurs cultures. Nous voulons porter par ce petit article, une réflexion sur l’interculturalité comme un fondement de développement pour une société ou des communautés en quête de la paix et de la solidarité.

Les compétences d’interaction permettant à une personne ou à un groupe de tisser des relations de respect, d’harmonie, voire d’engagement avec d’autres personnes et groupes, avec d’autres cultures, et avec la collectivité. « Les compétences de discernement permettent de mieux percevoir les éléments démagogiques ou manipulatoires. Les compétences de réflexion critique permettent de prendre de la distance pour évaluer ce qui se présente. Les compétences de réflexion pacifico-critique amènent à voir plus loin et percevoir ce qui pourra apaiser, qui pourra ramener le calme et les distinguer de ceux qui pourraient attiser le feu. »   Ainsi nous pouvons comprendre par cette avancée que les compétences interculturelles peuvent être celles qui permettent d’interagir harmonieusement dans la diversité. Les compétences interculturelles font  par la suite un appel fort aux émotions et sentiments qui vont générer des attitudes et comportements d’ouverture, d’accueil et d’écoute pour interagir avec d’autres cultures avec considération et aisance. Notre milieu de vie est plus riche dans la diversité culturelle. Notre choix personnel peut nous conduire à un développement et vers une paix durable, si chacun  vit et perçoit l’autre comme son semblable. Disons par ici que ces compétences s’appuient sur le développement de la connaissance de soi, de sa propre identité culturelle et de la prise de conscience de ses racines multiples voir aussi celles de l’autre. Elles se construisent aussi avec la prise de conscience de faire partie de la communauté humaine, en plus de nos communautés proches. Ainsi, ce sont des compétences affectives et sociales qui doivent nous permettre de se sentir à l’aise avec des gens ayant des identités culturelles différentes et de mettre à l’aise les personnes d’autres cultures. Elles sont celles qui forgent dans les rencontres et interactions avec d’autres personnes et populations. Elles peuvent s’appuyer sur la collecte attentive de connaissances interculturelles, mais c’est dans le plaisir partagé de la rencontre et de l’échange qu’elles se développent.

Suivant les idées ci-haut, disons que la compétence interculturelle  peut s’habiller une forme d’un ensemble de capacités, dont la capacité à forger sa propre identité, à la fois singulière et multiple; à dépasser ses peurs et préjugés culturels; à reconnaître l’altérité et à faire preuve d’ouverture, d’accueil, de compréhension, d’acceptation et d’inclusion ; chacun doit s’y retrouver. Elle comprend l’aptitude, dans la rencontre avec une personne d’une autre culture, de ressentir son propre enracinement sans subir de déracinement, sans craindre de perdre ses racines ou de les renier. Toutes ces composantes de la compétence interculturelle sont devenues indispensables pour fonctionner avec bonheur dans la diversité croissante de son lieu de vie.

A comparer avec la tolérance qui est une attitude, plus limitée, qui ne s’étend pas à l’ouverture, l’accueil ou l’inclusion, ni même à l’acceptation, et qui ne suffit pas pour assurer la paix sociétale. « Les compétences interculturelles doivent se fonder sur des valeurs humaines de considération, d’appréciation, de partage, de solidarité, de justice et d’empathie, lesquelles sont partagées à travers les cultures. »  Nous remarquerons du coup que celles-ci ont pour fondement philosophique, spirituel et religieux l’unité des êtres humains au-delà des particularismes, d’un certain égocentrisme de leurs identités culturelles respectives. Elles permettent ainsi de cultiver des relations fondées sur des sentiments d’unité humaine et vivre la diversité culturelle comme une richesse. Les travailler en classe permet aussi de développer la pensée réflexive de l’élève: que se passerait-il si personne n’acceptait plus l’altérité humaine? Comment pourrait réagir ceux dont la différence est rejetée? Et comment se sent-on quand l’altérité est reconnue de tous?

  1. Éducation aux compétences interculturelles

Éducation qui vise à sensibiliser les nouvelles générations à des valeurs, des attitudes et des compétences psychosociales qui favorisent la bonne entente entre enfants et groupes d’enfants ayant des identités culturelles différenciées, parfois fermées l’une à l’autre au départ, afin de leur permettre de bien vivre ensemble dans la diversité, comme enfants et comme jeunes, et tout au long de leur vie. Ceci entre dans le cadre d’une éducation saine pour les générations, en les formant à la diversité, les jeunes gens doivent dès le bas âge apprendre à vivre ensemble, à partager avec les autres qu’ils trouvent différents de leur culture.

La culture d’exclusion ne doit pas ressortir des générations naissantes, ceci est souvent source des multiples guerres et des conflits interethniques qui rendent malheureusement maladroite notre société. Dans les bas âges faire sentir aux enfants qu’ils doivent vivre avec les autres ; le parent est par là le premier artisan du vivre ensemble, car c’est lui le premier qui doit apprendre à l’enfant les notions de base du vivre ensemble.

En effet, comme le disent les autrices citées ci-haut : « cette éducation correspond à une approche éducative positive et proactive pour prévenir le racisme et la xénophobie, et plus spécifiquement les comportements d’exclusion, d’évitement et de fermeture, ainsi que les attitudes de mépris, de dévalorisation, de dénigrement et de discrimination qui découlent notamment des peurs individuelles et/ou collectives de la diversité croissante. »  C’est une approche positive en ce sens qu’elle sensibilise les enfants aux autres, avec leur diversité respective, et les encourage à s’approprier des valeurs, des modes de comportement et des outils qui vont leur donner le goût de la pluriculturalité réussie. C’est une approche proactive en ce sens qu’elle responsabilise les enfants, les incitant à co-créer eux-mêmes, de façon dynamique, un bien vivre ensemble réussi dans la diversité. C’est une éducation qui propose de dépasser l’optique des interdits et des règles de tolérance, et de miser sur le plaisir de la pratique même.

L’éducation aux compétences interculturelles doit viser à renforcer la confiance en soi des enfants et des jeunes et leur aisance dans un environnement culturellement hétérogène. Elle vise en outre à les sensibiliser à l’importance de cultiver des identités ouvertes afin d’éviter des « identités meurtrières » face aux autres qu’ils peuvent trouver étranger ou différents de ce qu’ils peuvent croire d’eux-mêmes. Elle comprend l’apprentissage de savoir-être spécifiques qui contient ainsi des attitudes fondées sur des valeurs humaines partagées et de savoir-faire spécifiques contenant aussi des comportements induisant des relations de paix interculturelle, sans violence, ainsi qu’une sensibilisation aux réalités qui nous rend tous comme des êtres humains, égaux en droits et en considération, vivant une multi-culturalité croissante, partageant un même lieu de vie et une même zone, une même région, sur un même territoire.

Conclusion

Disons pour clore, qu’il nous est important chaque jour de savoir découvrir cette richesse sans jamais l’éteindre en nous et dans nos communautés ; savoir donner à chacun la chance de jouir de cette diversité. Le grand danger qui guette notre société, c’est la crise de conscience, un défi de vouloir toujours indexer l’autre pour ce mal ou l’autre ; ne pas reconnaitre sa responsabilité pour une erreur qui ronge la société. Une société avisée devrait partir de cette diversité culturelle pour bâtir son développement et construire sa paix. A trop vouloir ne pas se considérer comme membre d’une même société, je dois en ce sens trouver l’autre toujours comme un ennemi, comme celui qui vient m’empêcher d’évoluer, de m’épanouir dans ma vie, quelqu’un de qui vient tout mal, celui qui vient spolier ma liberté, l’étouffer ; en ce sens je dois l’éliminer, voilà la source des différentes guerres qui guettent notre région du jour au lendemain. Il est par là important de se connaître soi-même, savoir que tout le monde peut commettre une erreur contre et dans la société. Nous pouvons donc observer une certaine perte de conscience et du rapprochement social, la déconsidération d’une couche sociale causée par le manque d’insertion culturelle et sociale.

Par  Linda Pascal Bikuba, Séminariste  en 2ème Théologie/Saint Jean Paul II

1 COMMENTAIRE

  1. La réflexion est profonde. Elle est d’actualité. Notre région est déchirée des cinflits issus de méfiance d’interculturalité. C’est un défi réel dans notre société. L’éducation de nouvelles générations doit impérativement y jouer un grand role pour espérer en une paix durable. Le milieu a toujours influncer le développement de la personne. L’expérience quotidienne est une grande leçon de la vie. L’acceptation de l’autre est-elle facile dans une société déchirée d’une guerre tribale en plus de trente ans? L’altérité humaine exclut-t-elle la justice pour une harmonie sociétale?

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